En 2008, une première grotte étonnante, une belle conduite forcée, a été découverte en Gruyère dans les parois du Vanil des Artses. Son fond, colmaté irrémédiablement par l’argile, a motivé certains à escalader la montagne à la recherche de nouvelles entrées. C’est justement après une de ces escalades, qu’une grotte prometteuse a été découverte. La cavité est étonnante pour la région, avec des volumes intéressants, un creusement phréatique et des remplissages attestant de l’âge de ses galeries.
Après avoir franchi en creusant deux bouchons argileux, l’exploration s’était arrêtée après 120 mètres de progression sur un obstacle redoutable : l’argile s’approchant peu à peu du plafond sur une bonne distance. A la grande surprise des spéléos, ce bouchon laissait passer un faible bruit, une sorte de grondement sourd. De l’eau ! Autant dire que les spéléos pensent immédiatement à sortir pelles et bidons pour désobstruer ce passage. Durant notre habituelle semaine de camp spéléo à la fin août, cette désobstruction était l’objectif principal.
Tout commence déjà par l’accès, par une sorte de via ferrata à la mode spéléo. Ensuite, c’est de la galerie facile, entrecoupée par deux ressauts de 12 et 4 mètres, qui conduit au chantier. La désob a peu à peu permis aux creuseurs de s’approcher et finalement d’atteindre la source de ce mystérieux bruit. Un bruit qui, à la surprise général venait d’une étroite fissure latérale. Et surtout ce n’était pas de l’eau, mais le courant d’air passant par un trou. Y toucher suffisait à faire disparaître ce grondement source de bien des fantasmes. Désolation !
Tant qu’il y a du courant d’air, il y a de l’espoir. Décision est prise de tester l’obstacle. Ni une, ni deux, un désobstruction énergique reprend. C’est alors une bonne surprise, car la galerie est retrouvée, mais malheureusement toujours comblée par l’argile, sauf un passage étonnamment préservé de la gadoue. Quelques coups de pied de biche bien placés ont alors permis d’agrandir le passage, le rendant presque humain. Le courant d’air gèle les spéléos, mais surtout les motives à creuser d’avantage que de raison.
Une vingtaine de mètres plus tard, la ténacité des spéléo est récompensée. Belle galerie, jolie salle et donc belle première ! Un peu plus loin, un nouveau bouchon d’argile bloque malheureusement les explorateurs. Un courant d’air sifflant à travers cet obstacle nous indique que c’est le chemin à suivre. Hop, c’est reparti pour la désob. Ça semble si facile que la creuse commence à main nue. L’obstacle résiste ! Rapidement pelles et autres ustensiles de creuse arrivent sur le chantier. Bien quelques bidons, certains en compterons des dizaines et des dizaines, la galerie plonge sur la gauche et le doute s’empare à nouveau des désobeurs. La suite semble compromise, mais le moral du creuseur ne flanche pas, grâce à l’air bourdonnant autour du casque.
C’est le dernier jour du camp. Traditionnellement, c’est le jour des grandes découvertes au Folliu. Eh oui, c’est toujours le dernier jour du camp que ça passe. Allez savoir pourquoi ! Quelques bidons plus loin, un petit passage entre des blocs laisse passer la lumière de la frontale. Youpi ! C’est noir, très noir… En quelques coups bien placés, le passage est libéré. Derrière, c’est de la folie. Une galerie ébouleuse large et haute, sorte de galerie de mine naturelle, s’enfonce dans l’inconnu. Après une pente ébouleuse délicate à escalader, c’est la grosse surprise. La galerie bute sur un galerie amont-aval. Le rêve ! A l’amont, la galerie par à l’infini par une monumentale cheminée constituée d’une succession de ressauts. A l’aval, un ressaut, puis un puits bien arrosé par l’eau laisse songeur… C’est heureux est trempé par un orage d’anthologie que les spéléos remontent à la cabane pour annoncer la bonne nouvelle à ceux qui ont préférés abandonné la désob pour une bonne raclette. 😉
Aujourd’hui le bassin d’alimentation à presque été totalement rongé par l’érosion et nous sommes qu’à l’amont de ce collecteur, 200 mètres de dénivellation sous le sommet de ce Vanil. Cependant des traces montrent que l’eau a parcouru avec vigueur cette galerie, certainement le drain principal de cette montagne. La Grotte du Roc et l’Estavelle de l’Hongrin ne sont qu’à moins de deux kilomètres à vol d’oiseau et 900 mètres plus bas. Ca fait rêver… Espérons que la grotte ne sera pas trop capricieuse et quelle nous permettra de descendre en profondeur dans la montagne.