Vers -460 m, le Réseau du Folliu (Gruyère, Fribourg), exploré par l’Association des Folliu-Bornés (AFB), se divise en une branche active et une branche fossile. La branche active devient malheureusement impénétrable vers –580 m, malgré de belles formes phréatiques. La branche fossile, par laquelle passe le courant d’air (!), est bien plus confortable, mais argileuse. Dans une première partie c’est de l’argile sec et plutôt agréable, mais en gagnant de la profondeur, il devient humide, puis liquide et même franchement ignoble à partir de -550 m. Jusqu’à cet été, le fossile se terminait sur un passage où l’explorateur risquait de finir noyé dans une coulée d’argile. Un gros bruit d’eau tout proche, le grondement d’un véritable torrent, motivait à trouver une solution pour franchir ce redoutable obstacle. Comment enlever de l’argile à moitié liquide vers 500 mètres de profondeur ?
L’AFB a récemment réussi un captage d’eau au fond d’une grotte pour alimenter un alpage. Alors pourquoi ne pas détourner une partie de l’eau de l’actif au fond du réseau pour nettoyer l’argile ? Grandes réflexions, quelques calculs, un peu d’imagination… Et ça semble jouable. La partie à nettoyer étant très inclinée, l’eau va cascader, ricocher et frapper énergiquement l’argile un peu partout. Il faut cependant 120 mètres de tuyaux, diamètre extérieur 32 pour les 20 premiers mètres plus à plat, puis du diamètre 25 pour la suite presque verticale pour obtenir un débit estimé dépassant 125 l/min. Cela devrait être suffisant pour le nettoyage des parois.
Est-ce possible d’amener une torche de 20 mètres de tuyau 32 mm au fond du réseau du Folliu ? La partie la plus étroite est jusqu’à -200. Un captage test est monté avec un succès après cette zone étroite. Une première réussite ! 🙂
120 mètres de tuyaux sont alors descendus au départ du fossile. Un captage a est installé dans un bassin naturel vers -450 mètres, avec une crépine inox maison à l’entrée du tuyau et une vanne permettant de couper l’eau pour de futures exploration au sec. Mise en fonction parfaite à l’automne, comme en théorie !
Après une année et 50’000 tonnes d’eau déviées, la cavité est presque propre. Le résultat dépasse les espérances. L’eau rebondi est nettoie tout en rongeant peu à peu l’argile. La roche calcaire et les silex font leur apparition. Le terminus boueux devient franchissable et la cavité continue dans les profondeurs de la Gruyère. Arrêt sur rien ! Il reste 1.8 km de distance et moins de 150 mètres de dénivellation pour rejoindre l’Estavelle de l’Hongrin et moins de 100 mètres de dénivellation par rapport à l’entrée supérieure de la Grotte du Roc, une ancienne émergence. A suivre…
Dans une cavité très inclinée, dévier l’eau est certainement une solution très efficace pour nettoyer l’argile plutôt liquide. Du tuyau de 25-32 mm de diamètre est suffisant pour obtenir un débit efficace. Cette technique pourrait s’appliquer à d’autres gouffres à nettoyer.
Michel